Le drive to store a été le buzz word de l’année 2018. D’abord perçu comme le remède miracle pour les marketeurs, il a subi quelques revers notamment en terme de privacy. Nous sommes très heureux de recevoir sur bannouze le podcast du marketing digital Olivier Magnan-Saurin pour nous expliquer à tête reposée l’univers du drive to store : comment il a vécu cette période, les enjeux de cette thématique et de manière plus pragmatique, finalement, comment on lance un campagne en drive to store.

B (Laurent) : Bonjour Olivier.

Olivier Magnan-Saurin (OMS) : Bonjour Messieurs Bannouze.

B (Laurent) : On va commencer par une question rituelle : est-ce que tu peux te présenter ?

OMS : Oui, alors je suis Olivier Magnan-Saurin, donc je suis le, le CEO et le co-fondateur de, de Fidzup. On est une société justement de drive to store, alors on va, on va définir ça un peu plus tard. Moi j’ai fondé la boîte en sortie d’école. J’ai fait une école d’ingénieur en informatique et une business school. Et on a créé Fidzup dans l’ambition justement d’utiliser le mobile pour réconcilier les univers online et offline ; arriver à, à joindre ces deux univers qui sont souvent disjoints. Et petit à petit on est arrivé sur le métier de la publicité mobile pour le retail et du drive to store. Donc, donc voilà un peu pour mon expérience professionnelle. Et ça fait huit ans maintenant qu’on a fondé la boîte.

B (Matthieu) : Et du coup comme disait Laurent le drive to store c’est, c’est vraiment le buzz word qui a tous les, les marketeurs sur le bout des lèvres. Est-ce que tu pourrais nous définir ce que c’est aujourd’hui que le drive to store ?

OMS : Alors bonne question parce que, comme c’est un buzz word, y a quand même énormément de gens qui l’utilisent à bon ou moins bon escient. Moi, moi, je le définirais comme « toute action de communication qui vise à générer du trafic sur le magasin ; de driver du trafic sur, sur le magasin ». Aujourd’hui vous avez des acteurs qui sont pas vraiment dans la publicité qui utilisent ce, ce mot : des  store locator.
C’est vrai que ce sont des actions qui pourraient permettre, à terme, de générer du trafic. Plus communément le drive to store c’est de la publicité, mobile ou pas, mais qui permet de faire venir du monde en point de vente. Voilà, c’est la manière dont je le définirais.

B (Laurent) : Par rapport à la petite introduction, est-ce que tu, on peut faire un petit retour sur l’année 2018, dans ton secteur, qui a été assez mouvementée ?

OMS : Oui, alors c’est vrai. La plupart des acteurs du drive to store aujourd’hui mobile ou, ou pas, manipulent des données de localisation puisque c’est ce qui fait la, la, la richesse finalement de ces campagnes de communication pour les enseignes. C’est la capacité à être pour, pour, le, l’acteur de, de géolocaliser finalement le mobile ou le, le client quelque part à qui on veut afficher la pub. Et ces données de localisation, quand elles sont croisées à un cookie ou à un identifiant publicitaire quand on parle de mobile, sont considérées comme des données personnelles. Pourquoi je fais cette mini-intro ? Parce que 2018 ça a été une année charnière sur les sujets de privacy avec l’entrée en vigueur notamment des RGPD, le 25 mai si je dis pas de bêtise, donc on était, Fidzup et tous les acteurs du marché, hyper concernés par ce sujet-là. Et il se trouve qu’en plus de cette nouvelle réglementation qui est rentrée en vigueur pour tout le monde, voilà, la CNIL a décidé de s’attaquer au secteur du drive to store, et donc Fidzup et trois autres acteurs, on a fait l’objet d’une, d’une mise en demeure effectivement à l’été, entre l’été et octobre 2018. Généralement ce qui nous était reproché c’était la manière dont on récoltait le consentement de l’utilisateur pour accéder à ses données de localisation, à ses données qui sont considérées comme personnelles. Donc ça, ça a été, ça a été une année, une année charnière à la fois pour le marché en terme de structuration, puisque avant ça on, on était concentré sur la récolte de consentement puisqu’on nous disait pas qu’il y avait pas de récolte de consentement on disait : « attention messieurs la manière dont vous le faites ce n’est pas conforme avec la nouvelle réglementation ». Donc ça a été très structurant à la fois pour le marché et pour nos sociétés parce que ça nous a placé un peu sous le feu des projecteurs même au niveau international. Quand je dis « nous » c’est à la fois les acteurs et le secteur du drive to store. Ça a mis quand même une lumière quand même malgré tout un peu plus forte sur ce, sur ces, ces dispositifs. On a des acteurs américains maintenant qui nous contactent en mode : « Hey, comment est-ce qu’on fait pour être DGPR compliant ? » Donc c’est assez, voilà, c’est la cerise sur le, le gâteau qui était pas forcément très bon. Mais, mais voilà, aujourd’hui ça fait qu’on est un peu en tête de, de proue sur ces sujets-là, en France et à l’international. Et ça a été charnière parce que ça nous a, au niveau business, ça nous a quand même impacté. Ça a impacté tout le secteur et ça a pu faire se poser des questions à des annonceurs qui se disaient : « Mais mince ! En fait tout le drive to store est mis en cause donc peut-être que je devrais arrêter de faire du drive to store. » Donc fort heureusement ce qu’on constate aujourd’hui c’est que le, le besoin, pour une enseigne, de, d’opérer des campagnes de publicité mobile, et bien, il a pas disparu parce que les utilisateurs sont toujours sur mobile ; le mobile apporte en plus de ça, cette capacité de géolocalisation donc d’être capable de diffuser une publicité digitale uniquement à des personnes qui se trouvent à proximité géographique du point de vente de destination. Donc ça c’est hyper puissant parce que si vous faites une campagne natio pour un réseau de magasins qui a 30 points de vente sur la France, il y a, vous allez taper des zones nécessairement qui ne sont pas, qui ne sont pas couvertes finalement par l’enseigne. Donc ce besoin-là n’a pas disparu et puis les données de localisation tel qu’on les manipule aujourd’hui elles apportent un plus par rapport à ce que peut faire une enseigne aujourd’hui en matière de communication locale : c’est sur le ciblage. Parce que les enseignes, on parle beaucoup de digital et, et évidemment vous, vous les premiers, mais les enseignes quand elles communiquent en local aujourd’hui elles sont encore beaucoup sur des dispositifs offline voire, voire papier. Et donc le, la, la possibilité, de, de, de, qu’offre le drive to store de cibler un smartphone par rapport à sa position instantanée, mais aussi aux lieux qu’il a pu visiter par le passé, c’est une innovation majeure pour le retail dans la manière dont ils peuvent communiquer en local. Donc ça a été charnière pour toutes ces raisons-là.

B (Matthieu) : Du coup tu nous parle de, de, d’actions offline, d’actions online beaucoup de geoloc et de, et de mobile. Est-ce que tu as quelques informations chiffrées à nous communiquer pour qu’on évalue un petit peu la taille de ce marché ? Que ce soit en, en nombre de clients, que ce soit en volume d’affaires, que ce soit en nombre d’utilisateurs ou de points de vente, peu importe, mais pour les auditeurs Bannouze ?

OMS : Alors bonne question. Déjà le marché au global ou de la communication locale, c’est ce que, ce qu’on évoquait en, en, en off, il est de, environ 10 milliards d’euros d’investissement par an sur le marché français. Là-dedans c’est essentiellement du offline donc la part du digital est inférieur à ce qu’il se fait en moyenne. Moi les chiffres que j’ai c’est autour de une vingtaine de pourcent d’investissement en digital. Donc nous ce qu’on voit en terme d’opportunité déjà c’est qu’il y a une marge de progression. Maintenant sur le marché en lui-même, c’est un marché dans lequel on peut faire rentrer plus ou moins d’acteurs. Des gens comme Google ou Facebook qui sont pas des spécialistes, loin de là, des sujets retail ou drive to store, prennent des portions de ce marché qui sont assez difficiles à, à, à, à évaluer. Ce que je peux estimer c’est que les, les acteurs spécialistes du sujet sur la France, je dirais que c’est quelques dizaines de millions d’euros de chiffre d’affaires, de chiffre d’affaires cumulés. Si j’additionne les chiffres qui sont communiqués par tous les acteurs on doit être à quelques centaines d’enseignes qui travaillent sur ces problématiques-là. Enseignes / quelques marques également qui, qui, qui y travaillent. Et en terme de points de vente tout dépend les approches que, qu’on peut avoir. On peut avoir une approche sur l’ensemble de réseau, notamment quand on manipule, peut-être qu’on y reviendra un peu plus tard, mais, quand on manipule des, du, du, de la donnée GPS qui nécessite pas d’implémentation de, de hardware en magasin. Nous chez Fidzup on a aussi une partie de notre métier qui est pour mesurer un peu mieux si un smartphone rentre dans un magasin on, on peut être amené à installer des dispositifs in store. Chez Fidzup on parle de quelques milliers de points de vente qui sont équipés par cette technologie-là. Pour un peu, un peu moins de 150 clients, enseignes qu’on a, qu’on, qu’on accompagne et qu’on a pu accompagner. Voilà.

B (Matthieu) : Et, et du coup je voudrais que tu m’en dises un peu plus sur tout de suite cette partie équipement des points de vente en terme de mesure. On  parle de quoi exactement ?

OMS : Alors le besoin, en fait, quand on opère ces campagnes locales de drive to store, c’est, quand on est une enseigne, c’est « est-ce que ça ramène du, du business ? Est-ce que ça ramène du trafic dans mon magasin ? » C’est vraiment la question qui est posée et c’est ce qui fait qu’on s’est positionné sur, sur ce marché-là. Donc pour estimer si le smartphone qui a vu la publicité, enfin le mobinaute qui est derrière, mais, se déplace en magasin après avoir vu la pub, il faut obtenir la localisation de ce même smartphone dans les heures ou les jours qui suivent pour savoir s’il se présente bien dans le magasin de destination. Et pour réaliser ça il y a plusieurs manières de le faire. Alors nativement dans votre smartphone vous avez quelques technologies et notamment la puce GPS qui permet de détecter votre position mais, le constat qu’on a fait au début de la boîte de Fidzup c’est que le GPS est, avait un niveau d’imprécision au-delà duquel, on pouvait, enfin on pouvait rien faire. C’est-à-dire que au mieux, dans un champ en plein milieu du Cantal, les satellites vous géolocalisent à 10 mètres près. En ville, c’est un environnement qui est plus horité : vous avez des bâtiments, vous avez des gens, et donc le niveau de précision en ville est plutôt de l’ordre de 25 à 100 mètres. Sauf que 25 à 100 mètres, quand on parle de retail, alors si vous êtes un hypermarché encore une fois, alors désolé pour le Cantal, c’est, c’est une très belle région, mais si vous êtes un, un hypermarché au milieu du Cantal 100 mètres on est certain que vous êtes dans l’hypermarché, il y a pas de doute. Par contre 50 mètres dans une rue marchande ou dans un centre commercial ça peut être un certain nombre de points de vente voire même des points de vente concurrents. Et donc il a fallu qu’on développe des technologies qui soient beaucoup plus précises, qui permettent de remplacer finalement, ou de compléter le, le GPS et donc dès le début de, de Fidzup on a travaillé à développer des technologies qui ont, qui ont très vite été basées sur le Wi-Fi, qui permettent d’identifier si un smartphone, quand il rentre au sein d’un point de vente, est bien dans, dans l’enceinte du magasin et non pas dans le magasin d’à côté. Donc on a une précision de l’ordre de quelques mètres avec ce type de technologie. Alors nous on utilise le Wi-Fi. On pourrait aussi considérer par exemple le Ibeacon qui fonctionne en Bluetooth. C’est une solution qui est, qui est viable. Après il y a des subtilités liées à la quantité de smartphones que vous allez êtes capables de détecter. Parce que si vous opérez une campagne sur 3 millions de personnes et que vous êtes capables de mesurer sur 3 000 d’entre elles, la mesure est pas très représentative. Et l’avantage sur Wi-Fi tel qu’on l’utilise c’est qu’on arrive sur des volumes beaucoup plus importants.

B (Matthieu) : Et du coup, est-ce que, vulgairement je pourrais le, le résumer en disant : « J’ai un utilisateur qui est exposé à un interstitiel mobile, derrière tu vas mesurer son, sa venue dans le point de vente, avec les ondes qu’émet son téléphone par rapport au Wi-Fi du point de vente » ?

OMS : Alors effectivement la manière dont ça fonctionne c’est que votre smartphone il émet en permanence des données Wi-Fi, des ondes et nos dispositifs sont capables de détecter ça quand votre smartphone passe à proximité de, des balises qu’on installe au sein du magasin, que ce soit en rayon ou à l’entrée.

B (Matthieu) : Donc tu paramètres quelque chose de spécial dans le, le système Wi-Fi du point de vente en fait ?

OMS : Alors ça peut être dans le système Wi-Fi ou alors on peut installer des petites balises qui font la taille d’un smartphone, qui se branchent sur une prise électrique dans le magasin. Donc évidemment c’est pas visible parce que c’est pas très beau donc c’est dans les faux-plafonds, c’est dans la PLV, et ça, ça nous permet de détecter les smartphones qui passent à proximité.

B (Matthieu) : OK. Très clair.

B (Laurent) : Concrètement, si je suis une marque qui souhaite donc lancer une campagne avec vous, comment ça se passe ?

OMS : Alors, la première des choses en fait c’est que notre client vient nous voir avec un objectif, généralement, de la génération de trafic, c’est ce qu’on se disait tout à l’heure. Et la première des questions qu’on lui pose c’est d’abord : « Quel est le périmètre sur lequel toi, marque ou, ou enseigne, tu veux opérer ? » C’est-à-dire : « Si tu as un réseau de 300 points de vente, est-ce que tu veux opérer sur 300 magasins, sur les magasins de Rouen, Marseille et Lille ? » Voilà. Donc ça c’est vraiment la première question : c’est sur quel périmètre.
Ensuite effectivement c’est « quelle offre ? » Et on décline ça en, en, en matière de, de créa. Ensuite nous on s’occupe de diffuser, pour le compte de l’enseigne ou de la marque, la campagne en programmatique mobile effectivement. Donc quelque part d’afficher la publicité du client dans les meilleurs espaces, dans les meilleures applis. Spécifiquement chez Fidzup on s’est amusé à développer, je dis « amuser » mais ça a du sens, des algorithmes qui sélectionnent les meilleurs emplacements au sein des, des applis, meilleurs emplacements équivaut à « l’emplacement qui a le plus de chance de générer une visite physique à la fin ». Parce que la plupart des plates-formes digitales, quand vous achetez de la pub aujourd’hui, elles optimisent le clic et nous on optimise la visite là-dessus.

B (Laurent) : D’accord. Alors justement vous regardez le clic ou l’impression ? Comment vous faîtes pour calculer ?

OMS : Par rapport au nombre de personnes qui se déplacent en fait en, en magasin ?

B (Laurent) : Exactement.

OMS : Alors effectivement on regarde les personnes qui sont, qui sont imprimées par les, par les publicités. Parce qu’on s’est rendu compte au fur et à mesure des années, que le, l’événement de cliquer sur une bannière ne, n’augmentait pas les chances qu’un, enfin en tous cas pas significativement, qu’un utilisateur après avoir cliqué se déplace, ou non, en, en point de vente. Donc on regarde toutes les personnes qui sont imprimées et on évalue quel pourcentage parmi ces personnes-là se déplace ensuite effectivement dans le magasin. Mais on peut aller aussi au-delà. Ce, c’est-à-dire voir l’incrément que peut apporter la campagne par rapport à quelqu’un qui, naturellement, serait venu dans le magasin. Et donc là-dessus on est capable de créer des sortes de populations témoins qu’on n’expose pas à la campagne mais dont on regarde si elles se déplacent dans le point de vente, par exemple à 0,5 %. Et puis on voit que les gens qui sont exposés à la campagne, eux, se déplacent eux, à 1 %. Et ça nous permet donc de mesurer l’incrémental de la campagne et donc de rassurer quelque part aussi le client qui se dit : « Bon, j’investis mais c’est pour une bonne raison:c’est que ça augmente les visites des personnes qui voient la pub. »

B (Matthieu) :  Est-ce qu’il y a une technique particulière pour générer des nouvelles visites du coup ? Parce que, évidemment, souvent les marques veulent du nouveau client, c’est, c’est pas nouveau. Du coup, parce qu’on peut vite s’imaginer que tu peux sciemment, ou inconsciemment cibler des personnes qui vont régulièrement dans ce point de vente et effectivement l’uplift sera très limité, mais est-ce que tu as des techniques, toi, par exemple, qui permettent de dire : « Non je ne vais, je vais aller faire de la vraie prospection et aller cibler des profils qui ne sont pas venus dans le point de vente. » Peut-être par exemple en ayant utilisé les données que tu récupères de ce fameux Wi-Fi par exemple, non ?

OMS : Alors ouais effectivement on peut utiliser les données du Wi-Fi ou du GPS d’ailleurs puisque si on sait qui vient dans le point de vente on peut tout simplement les exclure d’éventuelles campagnes de conquête pour aller chercher que du nouveau trafic et toutes ces données de localisation elles peuvent nous permettre aussi, alors les données Wi-Fi elles elles sont propre au magasin, on ne les utilise que pour le magasin client, par contre les données GPS qui sont manipulées, elles, elles sont propriétés de notre société, de FizzzUp, et donc on peut détecter par exemple quand un smartphone va dans le magasin concurrent, ou, et hybride entre un magasin concurrent et le magasin de notre client ou vient tout le temps chez notre client. Et donc ça nous permet aussi de segmenter la campagne en fonction de, de ces comportements, de ces comportements-là.

B (Laurent) : Alors, pour être super pragmatique l’annonceur, quelles sont les metrics qu’il doit surveiller et qu’elles sont en fait les principales optimisations à apporter durant une campagne drive to store ?

OMS : Alors moi je dirais que la principale métrique à suivre c’est la visite. Puisque le principal but du drive to store c’est de faire venir du monde, donc il faut regarder la visite. Ça commence à devenir un peu plus un réflexe pour les enseignes quand elles opèrent du drive to store mais il y a, il y a 4-5 ans c’est vraiment pas le cas. Donc voilà, la visite, le taux de visite du coup : quel pourcentage de personnes qui ont vu la publicité viennent ? On peut aller plus loin avec l’incrémental : Est-ce que au-delà des visites générées, est-ce que ça les a générées plus fortement grâce à la campagne que ce, que ce que ça aurait fait sur une population témoin ?
Et les optimisations par contre là elles peuvent être hyper nombreuses. Chez Fidzup on a développé des algos, par exemple, qui optimisent sur 60 critères. Alors il y a les plus traditionnels : dans quel app j’affiche ? Quel format ? etc.
Après il y a toutes les données de localisation. C’est-à-dire : quelle la distance du smartphone à qui j’affiche la publicité par rapport au magasin de destination ?
Y a également : quelle est la typologie du magasin de destination ?
C’est beaucoup plus facile de faire déplacer quelqu’un dans un centre commercial que dans une concession automobile par exemple. Donc, voilà, y a, je vous dit chez nous c’est 60 critères qu’on optimise et on essaie d’en ajouter régulièrement, qui nous permettent d’aller optimiser au mieux la campagne et de maximiser finalement quand un client investi par exemple 100 000 € chez nous, d’aller essayer de maximiser le nombre de visites qu’on va lui renvoyer grâce à cet investissement.

B (Matthieu) : Et est-ce que tu aurais une, une, un exemple de campagne sur lequel t’es super fier d’avoir opéré avec de beaux résultats ou juste parce que c’était une belle opération à nous partager ?

OMS : Ouais, alors il y a heureusement plein de campagnes dont on est fier mais les plus récentes là, on a bossé avec Thomas Cook par exemple, donc un acteur du voyage. On a réussi à faire rentrer pas mal de monde dans, dans ses, dans ses agences de voyage. J’ai plus le chiffre exact, et m’en, m’en voulez, pas, mais c’était plusieurs dizaines de, de visites par agence de voyage sur une période, je crois, de deux ou trois semaines. Alors ça peut paraître faible comme chiffre mais faire entrer du monde dans une agence de voyage au XXIe siècle…

B (Laurent) : Oui, c’est ce que j’allais dire. C’est cavalier on va dire.

OMS : Oui, voilà. Donc on était assez fier de cette opération et d’ailleurs on bosse, on bosse vachement bien avec leurs, leurs équipes donc on est hyper content. Mais c’est vrai que les résultats peuvent être hyper variés en fonction des secteurs d’activité. C’est-à-dire qu’il y a des, y a des industries dans lesquelles, par exemple dans les vêtements, dans les centres commerciaux, où on arrive à déplacer des gens pour 1 € ou 2 € d’investissement média et puis il y a des univers où c’est beaucoup plus complexe. Le pire, enfin « le pire », le plus compliqué étant par exemple l’univers de, de l’automobile haut de gamme où on peut être amené à dépenser 150-200 € pour faire rentrer quelqu’un dans une concession d’une marque haut de gamme. Donc c’est vraiment très varié et, et c’est aussi lié à, on réinvente pas le métier du retail, nous. On essaie de, de le mettre en lumière dans sa zone. Mais si les gens ont pas prévus d’acheter une Porsche, on les fera pas venir.

B (Laurent) : Si on fait un peu de prospectif comment tu vois l’évolution du marché ?

OMS : Donc le marché il a été, on l’a dit tout à l’heure, très impacté par les sujets privacy en 2018. On, a des, des, des enseignes qui ont été un peu plus prudentes vis à vis des sujets drive to store. On voit, fort heureusement, que ça c’est en train de, de repartir dans le bon sens, que ça se décrispe aussi parce que les acteurs qui ont été mis en demeure par la CNIL, dont Fidzup, on, on en est sorti par le haut. On a été, entre guillemets « adoubés » par la CNIL donc ça a aussi vachement rassuré nos interlocuteurs, voire même aujourd’hui on arrive avec beaucoup plus, enfin tous les acteurs du marché arrivent avec beaucoup plus de garanties juridiques auprès d’une enseigne quant à notre conformité RGPD. Maintenant on voit qu’on est, le drive to store en France notamment, y a énormément d’acteurs sur un marché qui est pas si gros. Ça s’explique parce qu’on a eu les success stories Criteo ; on a eu beaucoup d’entrepreneurs qui ont voulu suivre ces pas-là, et tant mieux. Mais c’est vrai que quand on regarde d’autres marchés comme les États-Unis, même les UK ou autre en Europe, en France y a une intensité concurrentielle qui est forte donc ma lecture, effectivement d’entrepreneur c’est que y va y avoir besoin de, de, de, comment dire, de consolider ce marché-là pour faire émerger un leader parce que sinon, ceux qui vont en bénéficier ce ne sont pas les acteurs français, ce sont Google, Facebook, qui eux perdent pas de temps même si aujourd’hui ils sont assez en retard quand même technologiquement sur ces sujets-là, ça reste des équipes de plusieurs milliers d’ingénieurs. Et donc pour valoriser le savoir-faire français et toutes les technos qu’on a développées, je pense effectivement que le marché va se consolider.

B (Matthieu) : Et c’est vrai que, que Google et Facebook ont, ont quand même, enfin, rattrapent leur retard sur le, sur le sujet. Quand tu vois Google avec Google My Business et tout ce qu’ils sont en train de faire sur, sur la présence management notamment, on, on, on voit qu’ils, qu’ils sont à la lecture, enfin qu’ils lisent ce marché de manière très, très, très proche et qu’ils s’y intéressent particulièrement. Et quand on voit aussi les performances de, de, de Facebook, parce que, bon évidemment les consommateurs sont sur les réseaux sociaux, c’est quand même assez impressionnant. Y a encore de la place pour les acteurs français, comme tu disais, par rapport à ces gros mastodontes qui sont quand même des gros carrefours d’audience ?

OMS : Alors tu l’as dit sur la fin, c’est que le, leur gros atout c’est que ce sont des carrefours d’audience. Nous, ce qu’on, ce qu’on, ce qu’on constate c’est que les solutions technologiques qui sont proposées par ces acteurs là pour le retail sont pas encore spécialisées réellement sur les besoins du retail. Alors, ils sont intelligents donc ils sont en train de travailler des partenariats avec certains retailers mais, en France, notamment, les enseignes sont prudentes quant à l’idée de partager des données avec ces acteurs américains. On les a vu cannibaliser d’autres secteurs d’activité donc je pense que le retail est aussi prudent pour pas se faire cannibaliser. Il y a déjà Amazon donc, donc ça c’est déjà un atout pour les Français, c’est de se dire : « On est indépendant, on va pas prendre votre donnée pour, pour vous la cannibaliser mais pour la magnifier. » Et puis on a quand même développer énormément de technologies qui sont propres aux besoins de l’enseigne. Là où des acteurs comme Google ou Facebook ont construit des outils plutôt pour les marques, plutôt pour faire du natio, donc le multi-locals c’est pas, c’est pas encore leur dada, et puis si vous avez pas un million d’euros à investir à l’année, je suis pas sûr que Google ou Facebook ils vous parlent. Il y a encore aujourd’hui assez peu d’enseignes qui investissent ces montants-là. Donc, certes, il y a des sociétés tierces qui distribuent des solutions de Google, mais du coup c’est pas Google ou Facebook qui y va. Donc on se dit qu’il y a une place à jouer maintenant, maintenant, voilà, on les voit de plus en plus. Il y a aussi Waze qui, qui, qui est dans le giron, dans le giron de Google.

B (Matthieu) : Qui est Google encore…

OMS : Ouais, qui est dans le giron Google. Après, c’est quand même un carrefour d’audiences qui est très spécifique parce que vous touchez des automobilistes quand il sont au feu rouge donc est-ce qu’il va vraiment changer son itinéraire parce qu’il a vu une publicité pour, pour changer ses pneus, parce que, alors qu’il est en train d’aller au boulot ? Pas sûr. Mais, mais en tous cas c’est un carrefour d’audiences, qui notamment dans l’auto fait, fait vachement écho parce que si vous avez une voiture, certaines marques considèrent que vous allez vouloir en racheter une donc…

B (Laurent) : Et bien écoute Olivier, super intéressant. Où est-ce qu’on peut te suivre ?

OMS : Merci à vous. ET bien écoutez j’ai comme beaucoup de gens j’ai un LinkedIn, donc Olivier Magnan-Saurin et puis un, un Twitter, je suis pas hyper actif mais je, je tweete un peu sur omagnan, voilà.

B (Laurent) : Et bien écoute on va te suivre et merci beaucoup. Merci Matthieu.

B (Matthieu) : Merci à tous. A bientôt.

OMS : Merci.

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